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Comment parler de la mort à un enfant pour mieux l’accompagner dans son deuil ?

Comment parler de la mort à un enfant pour mieux l’accompagner dans son deuil ?

Il n’est pas souvent facile de parler de la mort à un enfant. Lors de leur plus jeune âge, ce sujet peut leur paraître flou. Leur compréhension de la mort évolue en même temps que progresse leur développement intellectuel. Pour les aider à comprendre le concept de la mort, il est recommandé d’aborder le sujet avant même qu’un décès survienne dans l’entourage. Même si l’on souhaite toujours protéger notre enfant, la vie est faite d’imprévus parfois difficiles à gérer. Les premiers deuils sont souvent marquants pour l’enfant car ils viennent lui prouver que rien n’est éternel. Notre capacité à l’accompagner à travers son deuil, à être présent pour lui et la façon d’aborder le sujet sont donc primordiales et impactera la façon dont il va réagir face aux différents deuils auxquels il sera confronté dans l’avenir. Toutefois, même chez les plus jeunes enfants, il est important de traiter ce sujet et d’en parler ouvertement en répondant à leurs interrogations les plus diverses. 

Expliquer le décès d’un proche et accompagner un enfant dans son deuil s’avère souvent difficile quand nous sommes nous-même impactés par le chagrin. Cependant, nous pouvons parfois oublier que nous ne sommes pas seuls à souffrir. S’il est plus facile de partager sa douleur avec des adultes, il n’en est pas aussi simple avec un enfant. C’est pourquoi nous allons vous indiquer à travers cet article comment parler de la mort à un enfant et ainsi lui permettre de traverser cette épreuve.

Comment annoncer le décès ?

a) À l’avance, lors d’un décès prévisible

Si l’on sait qu’un proche va décéder prochainement, il est bon d’en tenir informé l’enfant en lui proposant non pas de rendre visite à la personne mais plutôt de lui dire au revoir. Si l’enfant refuse de rendre une dernière visite, on peut le questionner sur ses peurs, ses craintes mais il ne faut surtout pas insister. Suite à cela, il est possible de lui proposer une alternative en lui demandant s’il préfère préparer un dessin que vous pourriez apporter lors de votre visite.

b) Quand le décès est survenu

Le premier réflexe dans une telle situation pourrait passer par le fait de vouloir épargner l’enfant en évitant le sujet ou même en lui cachant la vérité. Or, ce n’est pas un bon réflexe. L’exclure ne ferait que créer chez lui un sentiment de solitude et d’incompréhension. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le fait de savoir et d’assimiler ce qui est réellement arrivé peut apaiser les enfants. Il faut donc rester simple et concis dans ses propos mais toujours leur dire la vérité. Le but de la discussion est de tranquilliser l’enfant sur le fait que le proche ne souffre plus tout en le rassurant que la mort n’est pas contagieuse, par exemple. Ainsi qu’en déculpabilisant l’enfant face à la mort et ne pas lui cacher la tristesse que l’on peut éprouver car il risque de toute manière de la ressentir et de s’en sentir responsable. En dévoilant votre chagrin en sa présence vous lui donnez ainsi accès à vos sentiments et lui montrer qu’il est tout à fait normal d’être triste. 

Le jeune enfant a le droit d’apprendre ce qui s’est passé. Mais le fait d’annoncer la nouvelle trop brusquement peut créer un choc. Il est donc préférable de l’en informer dans un cadre neutre et paisible. L’enfant doit savoir ce qui est arrivé et a besoin de l’entendre de la bouche d’une personne qui est significative à ses yeux. L’enfant peut refuser d’admettre la nouvelle ou se figer mais cette réaction n’est pas forcément un mauvais point, elle leur sert notamment à se protéger. Des réactions plus graves peuvent les impacter et survenir dans le futur comme des troubles du sommeil et l’apparition fréquente de cauchemars dans la nuit. Il peut aussi y avoir des régressions dans le comportement comme se remettre à sucer son pouce pour les plus jeunes. Il est donc tout aussi important de s’investir dans le deuil de son enfant comme dans son propre deuil.

c) Après la triste annonce

Les enfants qui traversent un deuil ressentent de nombreux besoins. Ils ont d’abord besoin de présence, d’amour et une personne avec laquelle parler qui reconnaisse et valide leurs sentiments. Ils ont besoin d’être conscients et rassurés qu’une personne peut les aimer et prendre soin d’eux comme le faisait l’être cher décédé. Vous pouvez également lui rappeler que l’amour de cette personne reste inchangé et rien ne pourra l’effacer. N’hésitez pas à lui parler du défunt en vous remémorant les souvenirs partagés ensemble.

Votre enfant aura aussi besoin d’être soutenu, écouté, entendu et que l’on réponde à ses interrogations même les plus curieuses. L’enfant se rappellera de ce que vous lui dites au sujet de la mort. Vérifiez donc sa bonne compréhension et sa perception de la situation. 

Les enfants peuvent parfois vivre leur deuil en silence mais certains signes sont perceptibles dans leurs comportements changeants. Si vous constatez des changements dans l’attitude de votre enfant, voyez le comme une occasion pour communiquer ensemble. Profitez de la discussion pour évoquer avec lui des stratégies à mettre en place lorsque le chagrin et le manque de la personne se font ressentir. Par exemple ; fermer les yeux et s’imaginer en présence de la personne perdue, écrire une lettre ou lui adresser un dessin, aller chercher de l’affection auprès de l’adulte de son choix. Vous pouvez également l’inciter à participer au rite d’aurevoir ce qui l’aidera à faire un grand pas dans son processus de deuil. Préparez-le et accompagnez-le en lui expliquant ce qu’il doit faire et ce qui est attendu.

Si à la suite des évènements l’enfant s’isole, ou si le deuil n’est pas surmonté ou encore si son comportement vous inquiète, n’hésitez pas à faire appel à des spécialistes.

Que faire pour aider les enfants en deuil ?

Afin d’aider les plus jeunes qui sont en deuil il faut leur consacrer du temps, de l’attention, de l’affection et ainsi les faire participer aux rituels funéraires. Ils peuvent par exemple déposer des fleurs sur la tombe, apporter une bougie lors de la cérémonie ou bien faire un simple geste symbolique au-dessus du cercueil ou de la tombe.

Les parents peuvent également ;

Savoir répondre aux questions que l’enfant peut poser

Les enfants se posent des centaines de questions en particulier sur le sujet de la mort qui les intrigue tout particulièrement. Il est donc important de prendre le temps de répondre aux questions qu’il vous pose en étant le plus franc possible, car il a besoin d’être rassuré mais aussi de comprendre ce qu’il se passe. Peu importe si vous ne lui apportez pas des réponses exactes, l’essentiel est d’échanger sur ce sujet. L’enfant se sentira moins inquiet s’il connaît la vérité que si vous l’isoler et le laisser à l’écart. 

Malgré tout, si vous n’êtes pas capable de répondre instantanément à certaines questions qu’il vous pose dites le lui en lui disant que vous avez besoin de temps pour y réfléchir. Toutefois il est nécessaire de revenir assez rapidement vers lui avec une explication construite car si vous ne lui apportez pas de réponse il risque de s’en inventer avec ses propres idées conçues ce qui pourrait être à l’origine de grandes sources d’angoisse à l’avenir.

Veillez aux mots que vous employez. N’utilisez pas les expressions comme “s’endormir”, “partir” ou bien “aller au ciel” pour expliquer la mort à votre enfant. Avec la tournure “s’endormir”, votre bambin pourrait développer la peur d’aller se coucher par crainte de mourir lui aussi. En utilisant les expressions “partir” ou “s’en aller” l’enfant pourrait attendre le retour de la personne. Même chose pour “aller au ciel”, qui n’a aucun sens réel et qui pourrait donner envie à l’enfant de chercher la personne décédée dans le ciel dès lors qu’il prend l’avion.

Ci-dessous des exemples de questions fréquentes que votre enfant pourrait vous poser :

Il est important de dire à l’enfant qu’il n’est pas responsable de la mort de l’être cher, dites lui la vraie cause du décès. Selon la situation vous pouvez essayer d’expliquer la maladie qui a conduit à la mort, décrire l’accident, l’événement qu’il s’est produit. Vous pouvez tout simplement lui préciser que la mort est naturelle quand on devient très vieux car le corps s’use et ne fonctionne plus correctement. C’est le cycle de la vie. On commence par naître, on grandit, on devient adulte, on vieillit puis on meurt. Mais il se peut que l’on meure avant d’être arrivé à un âge très vieux à cause d’une grave maladie ou d’un accident.

Malheureusement, ici, il est impossible de lui assurer que l’on ne va pas mourir car ce n’est pas le cas. À travers cette question, on peut sentir la peur que l’enfant peut éprouver face au fait de se retrouver seul au monde. Afin de rassurer votre enfant, vous pouvez lui indiquer une ou des personnes que vous avez choisies pour prendre soin de lui si vous veniez à disparaître un jour. Et également le rassurer sur le fait que vous êtes en bonne santé, en forme et qu’il vous reste beaucoup de belles choses à vivre ensemble. 

Il est préférable de dire la vérité à l’enfant. Une des premières certitudes d’une personne morte est que son corps s’est arrêté de fonctionner, le cœur s’est arrêté de battre, on ne respire plus et le cerveau ne fonctionne plus. On ne ressent plus rien. C’est un point primordial qu’il faut faire comprendre à l’enfant. Il s’agit là d’être franc et honnête sur ce que signifie réellement être mort. 

Voilà une question à laquelle personne ne peut répondre avec de grandes certitudes. En réponse à cette question on ne peut donc donner de réponse exacte, on peut donc expliquer que ce qui se passe après la mort est propre à chacun, chaque croyance, chaque opinion et ainsi donner sa propre version des faits. Cependant, attention à ne pas dire à l’enfant qu’après la mort il n’y a rien, que l’on va nul part. Dire de tels propos peut s’avérer très angoissant. De plus, il est nécessaire d’ajouter que la mort ne signifie pas la fin de la relation mais simplement sa transformation.

Si l’enfant vous pose cette question il vous faut dédramatiser le côté brusque et déstabilisant de cette interrogation en répondant par “ On meurt quand on a fini de vivre. Est-ce que toi tu as fini de vivre ? Non ? Alors tu ne vas pas mourir. » On meurt parce que c’est prévu.

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